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Arsène VermenouzeArsèni Vermenouzo en oc, 1850-1910, est un poète auvergnat.

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Sommaire

 
 

Sa vido

Nasquè lou 26 de setembre 1850 en Ytrac, pròchi Ourlhac.


Voici comment Joan Fay, majoral du Felibrige, de la maintenance d'Auvergne, créée justement par Vermenouze, présente l'enfance et la jeunesse de notre grand poète de la Haute-Auvergne :


" Né le 26 septembre 1850 à Vielle d'Ytrac, il portait un nom qui était déja celui d'une croix, d'un ruisseau, et d'un village de la contrée.


Son enfance à la ferme familiale fut celle d'un "pastrou", un enfant qui gardait les bêtes, c'est à dire en Auvergne les vaches et un peu les brebis.


Le soir au coin du feu "al cantou del fioc", la veillée "la vilhado" regroupait son grand-père Garric et sa grand-mère Mieto, son père Firmin, sa mère Mélanie, ses deux frères et sa soeur, de six servantes et ouvriers agricoles. Les contes et le récit des travaux du jour y faisaient fleurir la langue du pays.


 

                                         Ytrac, la place et l' Eglise du bourg -The place and the church of a French ...

                                                  La glèisio d'Ytrac

 


Plus grand,de 1863 à 1866, Vermenouze alla à Aurillac faire ses études à l'Ecole Supérieure des Frères où la poésie commença déja à le toucher de son aile.

Puis ce fut la vie dans la tradition des "Espagnols" cantaliens, la vie de commerçant en Castille où sa famille avait une boutique à Illescas.

Son père faisait même le marchand ambulant à certaines époques de l'année de Chinchon à Illescas."

Eici rapèli que i aguè fin la Revouluciou franceso la "Coumpanhio de Chinchon", soucietat coumercialo auvernhato, uno de las primièros soucietats anounimos ounde li participants apourtabou d'accious, trabalhabou, e se partigiabou li benefìcis un cop per on.


Jean Fay continue:


"Il vécut cette vie de 1867 à 1883, en rentrant tous les deux ans à la maison de Vielle, avec une coupure cependant, car lui et son frère participèrent à la guerre de 1870.

Revenu en Espagne, il s'y mêla de politique en soutenant les républicains. Il soutint aussi les républicains en France.

Après 1883 Vermenouze ouvrit une boutique de liqueurs dans la rue d'Aurenque, "lou pourtau d'Aurenco" qu'il a tant chanté, et qui en récompense porte aujourd'hui le nom de rue Vermenouze.

Il fut connu d'abord comme poète polémiste et politique, sous le pseudonyme de "Jantou". C'est sous ce nom qu'il écrivait dans "l'Avenir du Cantal", le journal radical d'Auguste Bancharel."


I escrivio també de pouemos coumo lou manifique: "Del pople maoucountent, garo quand l'iro peto!", à la glòrio de la Revouluciou Franceso.


Après un retour à la foi il écrit dans "La Croix du Cantal". Il y est « L’Arverne », éditorialiste en langue française, poète en langue d'oc. Il y a aussi un éditorial en auvergnat écrit par un moine qui termine invariablement sa chronique par "Sans adissiat e pourtat-bous plô !"(au revoir et bonne santé).


Ce moine anonyme qui signait "buostre amic lou mounge" était probablement le moine abbé Francis Courchinoux.


 

                            Rêve hivernal

                             la camponho pròchi Eitrac



Petit à petit Vermenouze deviendra un patriote intransigeant appelant à la revanche contre les Prussiens, ce qui l'éloignera de Bancharel, plus préoccupé de questions sociales que de récupérer l'Alsace-Moselle.

Il publie sous son vrai nom de "Bermenouzo" puis "Vermenouzo" de nombreux poèmes en oc dans "Le Moniteur du Cantal". C'est dans cette revue qu'apparaîtront pour la première fois des poèmes aussi connus que "Lo nuoço de Gomot", "lei duoi menetos" ou "Piorrou l'efont d'Ytrac".


 

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Ces poèmes seront regroupés en un recueil "Flour de brousso" (Fleur de bruyère), qui paraîtra en 1896 et sera couronné par l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse.


Profondément catholique, républicain et patriote il appelle à la revanche, donc, comme dans le magnifique et terrifiant "Lou roc del Lac" (voir en fin d'article).


En effet on chercherait vainement chez Vermenouze la moindre trace d'autonomisme ou même de simple régionalisme. Ce n'est pas un occitaniste, c'est un patriote:


En Franço sen touches Francés, 
E lou meme drapèl acato,
Païs bretoun, terro auvernhato,
E nord e miejour, Dieu mercés !"

 

 

Mais il tient à sa langue car aussitôt il continue :


Mès se tout es francés en Franço,

N'es pas mens vertat ça que lai

Que tout n'es pas del meme biais:

La Seno n'es pas la Duranço.

...

Garden, garden, nosto cabreto

E garden lou parla mairal,

Que coumo dis lou grond Mistral

Nous brecet quand sion dinc l'anneto.



(Gardons notre parler maternel, qui comme le dit le grand Mistral, nous a bercé quand nous étions au berceau)


 

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L'écrivain régionaliste Jean Ajalbert le convaincra d'écrire aussi de vrais poèmes (il voulait dire, non polémiques) en français, et il fit donc paraître à Paris en 1890 un recueil de sonnets: "En plein vent".


En 1894 il devient "lou capiscòu" de la première école félibréenne auvergnate (l’Escolo oubernhato qui deviendra très vite l’Escolo Auvernhato) qui a pour but de promouvoir l'auvergnat illustre et son orthographe à travers sa revue Lo Cobreto (devenue La Cabreto).


En novembre, La Croix du Cantal publie au nom de cette école l'appel de Vermenouze "O touto l'Oubèrgno" dans une orthographe complètement phonétique.

Il intègre cet appel au poème " Un èr de cabreto", dans "Flour de brousso" :


Nautres que sen lou Naut-Miejour,
Cantau, Aveirou e Louzèro 
Parlan tobé lo lengo fièro 
de las anticos courts d'amour,

Lo lengo d'oc, lo lengo maire, 
E sus aquel pouent Lintilhac
E Farjo dous efonts d'Ourlhac,
òu dijia fat luzi l'esclaire. 
 
Sons se n'abregounja jiamai, 
De capelôs de grondo marco 
L'òu parlado, e mai d'un mounarco 
que crezio pas parla potai. 

Un potai acò ! me fòu reire. 
Quau zo dis n'es qu'un abaiont, 
Un tros de Franchimond parpond 
que batalho sons ris sabeire. 

Lengo destrounado belèu;
Dize pas nou, mès lengo en vido, 
E que jou's pès que l'òu trupido 
Torno quilha lou front vol cièu ! 
 
Nou ! per ço qu'es anat al poble, 
Aquel lengatge n'es pas muort: 
Lou poble que lou parlo es fuort, 
E guel es d'un song fièr e noble. 
 
Dounc, en avant lou païs naut ! 
En avant ammé lo Gascounho 
E touches les mascles de pounho, 
Del crane Païs Prouvençau !

En français : Nous qui sommes le Haut-Midi, Cantal, Aveyron et Lozère, nous parlons aussi la langue fière des antiques cours d'amour, la langue d'oc, la langue mère, et sur ce point Lintilhac et Farge, deux enfants d'Aurillac, ont déjà fait briller la clarté. Sans jamais en avoir honte, des prêtres de grande qualité l'ont parlée, et plus d'un monarque, qui ne pensait pas parler patois. Un patois cela ? [...] Je ne le pense pas, non, mais une langue en vie qui, sous les pieds de ceux qui l'ont piétinée, relève son front vers le ciel ! Non ! Parce qu'il est allé au peuple ce langage n'est pas mort : le peuple qui le parle est fort, et il est lui d'un sang fier et noble. Donc, en avant, le Pays Haut ! En avant avec la Gascogne, et tous les mâles de poigne du brave pays provençal !


La revisto de l'Escolo, "Lo Cobreto" aparèis en ginié de 1895 e tiro à 7 000 esemplàris soun primier numerot.


 

 

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En 1900, à la Santo-Estello de Magalouno, Vermenouzo es elegit majourau del Felibrige.


En 1903, apparaît son recueil de poèmes français "Mon Auvergne", qui sera primé par l'Académie Française.


Il est un temps pressenti comme capoulié du Félibrige, mais il habite loin de la Provence, et son parler n'est pas celui des Provençaux. Mistral écrit à Dévoluy : "Un autre de segur se pourié chausi, es Vermenouzo. Soulamen es d’Auvergno, peramoundaut au diable. E i’a pièi soun parla tant escalabrous pèr Prouvènço!"

 (in Correspondance Frédéric Mistral - Pierre Dévoluy 1895 - 1913)

 


Par ailleurs sa santé est déclinante. Vermenouze a attrapé "lou mau de pitre" (le mal de poitrine = la tuberculose) et il fait des séjours d'hiver sous des cieux plus doux, à Hyères et Amélie-les-Bains.


En 1908 publico soun segound grond recuei auvernhat, "Jous la cluchado", que reprend souvent de pouemos ja publicats dien li journaus.


Lou mau de pitre blaco pas e Vermenouzo mouris dien soun oustau natau de Viego (coumuno d'Eitrac) lou 8 de ginié de 1910. La ville d'Aurillac l'honore en donnant son nom à une rue et à un jardin, ainsi qu'en érigeant une statue du poète. En 1933, un jardin du 5e arrondissement de Paris prend le nom de square Vermenouze. Il est dans le coeur des Auvergnats de Paris comme dans celui des Auvergnats du Pays.


Sas obros

  • Flour de brousso (« Fleur de bruyère »)

(avec une préface de Jean Adalbert et des illustrations de Édouard Marty). — Ouvrage primé par l'Académie des Jeux floraux (1896) Première édition, sous le titre « Flour de brousso » : édition bilingue texte en « patois auvergnat » et traduction en français, Imprimerie Moderne, réédité maintes fois jusqu'en 1979.

  • En plein vent, (1900)
  • Mon Auvergne, prix de poésie Archon-Despérouses de l'Académie française (1903)
  • Jous la cluchàdo (Sous le toit de chaume), en auvergnat avec la traduction française (1909)

la traduction imprécise Sous le chaume a été abandonnée dans l'édition de 1954 et les éditions suivantes comme: Aurillac, imp. Moderne, 1980.

  • Dernières veillées, posthume, (1911)
  • Les plus belles poésies d'Arsène Vermenouze, Union Sociale de la Haute Auvergne, Aurillac (1923)

Il y a eu deux éditions occitanes imprimées dans l'Héraut: "Flor de brossa" e "Jos la clujada" (en graphie classique, avec des illustrations de Felipe), IEO, coll. « A tots »


Malheureusement ces éditions sont plus des traductions que des transcriptions. En effet, l'éditeur annonce "avoir rétabli les conjugaisons traditionnelles" et change les conjugaisons auvergnates en conjugaisons languedociennes ! De même le texte est maintes fois "corrigé", c'est à dire languedociannisé, voire même catalanisé. Ces "corrections" entraînent des erreurs dans le nombre de pieds, notamment chaque fois que le mot auvergnat "agaro" est remplacé par le mot catalano-languedocien "ara".


Soun ressou

Si l'oeuvre française de Vermenouze n'est plus connue aujourd'hui que par des lecteurs avertis, la plupart de ses poèmes auvergnats sont toujours très populaires dans le Cantal.


De très nombreuses personnes savent par coeur les plus célèbres de ces poèmes, et tout le monde en connaît par coeur de nombreux vers grapillés dans divers poèmes. "La nuoço de Gamot" (dans la dernière orthographe de l'Escolo Auvernhato) et "lei duoi menetos" (les deux punaises de sacristie) sont certainement les deux poèmes les plus récités lors des agapes locales car ils racontent des scènes assez amusantes, mais d'autres poèmes comme le magnifique "l'Eternitat", ou comme "La cadeno" sont bien meilleurs encore.


Les esprits rafinés et exigeants ont la consolation du moins de voir que deux poèmes de haute inspiration sont presque aussi célèbres que les deux premiers cités. Ce sont "l'Ecir" (le vent de neige) et "Lou roc del Lac", un poème qui appelle à la revanche en se terminant par une évocation grandiose et effrayante des volcans d'Auvergne qui se réveilleraient pour ensevelir les Prussiens s'ils devaient revenir, et s'il s'avisaient d'entrer en Auvergne "le Donjon de la France".


Beaucoup de phrases de Vermenouze sont connues comme des proverbes sans que chacun sache pour autant de quel poème elles viennent:


"Dels Auvernhats, pertout lou Boun Dieu n'en semeno !" à propos de la diaspora auvergnate.


"Lou parla francés ieu lou vante

E l'inhore pas - d'acò rai -

Mès cò'i l'auvernhat mai que mai

Que parle, qu'escrive e que cante." à propos de la fidélité à la langue d'oc.



Libres soubre Vermenouzo

  • Frances H. Titchener, L'école auvergnate. Étude sur la renaissance méridionale dans le Cantal, préface de Jean Anglade, 1928, Paris Champion, in-8°, 109 p. Thèse de linguistique, présentée à l'Université de Harvard, après un séjour en Auvergne. Une partie parle d'Arsène Vermenouze.
  • Jean Mazières, Arsène Vermenouze (1850-1910) et la Haute-Auvergne de son temps, 2 vol., Paris, 1965, Extraits sur Google Livres22.
  • Marcel Laurent, « Des Perdrix de Faucon… aux Perdrix de Vermenouze » in Les Amitiés Riomoises & Auvergnates, p. 1-5, n° 27, octobre 1969.

 

Quauques pouemos de Vermenouzo


L’Eternitat

(Jous la cluchado)

Din l’anciô temp, un mounge – atau zo m’aun countat,
        E belèu cò n’es pas vertat –
S’estremezio din sa raubo de raso tufo,
E se gratabo dur darrier la tufo
        Quand pensabo à l’Eternitat.
        Ne’n suabo, n'en clucio lou paure :
Rai, ço-dis, que lou cèu n’es pas un troç de cusou,
E basto lou boun Diéu n’ajo pas de razou
        Per refuza de lhi me claure ;
Mès cò’s dur çaquelai de n’en jamai sourti
        Pas mai lou ser que lou mati.
« Noste Senhe, escusat les escarts de ma lengo,
Mès crenhe plô qu’un jour la mingro li me prengo ! »


E l’ome, sus acò, sousco que souscaras !
Talomen qu’à la fi, guel qu’èro gros e gras,
N’en venguet qu’aurio pas pudit al fioc, pecaire !
E que lou paire abat li diguet atau : « Fraire,
Tu qu’as pas coumetut cap de plô gros pecat,
Còssi diantre ès aqui que te grates lou cap
Coumo se te pruzio, se l’avies ple de tinho ?
As besou d’èr, l’efont, vai querre un fais de linho.
Prend l’ase del counvent, un courdèl, un poudet,
        E te copes pas cap de det. »


Noste mounge atapet l’asenot pel cabèstre
E s’en anet vel bosc à travers lou campèstre.
Arribet lèu ; lou bosc èro al ras del counvent ;
Aqui de faus, de telhs eibourrissats pel vent,
De garrics e de beçs, de fraisses e de pibos
        Se quilhabou dusco lei nibos,
Ples de niéus de busards, de cuorpos e de gachs ;
        E pel miech des vièlhs roumegats
Qu’entourabou lours piôs, mai d’una bèstio guèino,
        Mai d’un reinal, mai d’una fèino
        S’escoundio. De moudòus d’aucèls
        Picalhats, gris, negres, roussèls,
I faziòu tout lou jour, arrucats din la moufo
Una jento musico escarbilhado e dóuço.
Un sustout, un brave auzelou
        Gaire pus gros qu’una busqueto,
        S’iflabo coumo uno cabreto
        E cantabo à ple tregidou®;
Auriat dich que l’avio doublat am’ de velout.
Noste mounge, d’augi aquelo voutz divino,
N’en pleguet les ginoulhs del cop, amai l’esquino,
        E badet coumo una toupino :
Sabio pu s’èro mort, ni tampauc s’èro viéu.


Quont de temp demouret atau ? un brave briéu
Car lou temp duro pas à-n-aquel que se carro.


Quand l’aucèl se taizet, guel estiret la garro,
        Se rebreguet les uèlhs un boucinou,
Coumo un ome que ve de faire un prangeirou,
E se troubet al miech d’un troç de bouscalhado ;
De lei vaissos qu’aviòu duoi loungours d’agulhado
Flouquetabou al tour de soun frount : - Diantres, òu ! »
Ço-faguet lou brave ome, aquel bosc me fo pòur ;
Lou m’aun cambiat, per forço : a-pe, lou diable meno !
Iéu que m’ère ajassat al miech de la coudeno,
        E qu’ai durmit uno ouro à peno,
Coumprende pas còssi me sou derrevilhat
        Din la ramo d’un gaspalhat !


Lou mounge s’amoudet e se paupet la caro :
« E còssi cò se fai qu’ai de la barbo agaro,
Iéu que m’ère rasat arser
Am un boun razour, Diéu mercé ?
D’ount pot veni, quau sap, aquel trop de madaisso,
Aquel manèl bourrut que me pend jous la maisso ?
Lou pièu, dinc un moument, pot pas poussa tô long,
E ieu que l’avio gris, agaro l’ai tout blonc ?
E l’ase e lou cami del counvent, quau li trobo ?
Lou mounge se counhet pel bosc coumo una bobo ;
        Engulhet de vièlhos carraus,
Supet su de lei raiçs, capousset din de traucs,
S’enroumeguet, trevet aqui quatre ou cinq ouros
E coumo avio sabour, manjet quaucos amouros.
A la fi, çaquelai, lasse miech-mort de frech,
Veguet delai lou bosc una grondo paret :
Ac’èro lou counvent, mès pus bèl e pus gionte.
Soùmie, penset noste ome : eiçò m’o l’èr d’un conte.
Esquillen çaquelai, veiren be qu’es acò ;
Me podou pas leissa defuoro coumo un cô.
E sans sousca, lou mounge estiret uno anèlo
        Que sourtio d’una pourtounèlo.
Uno esquillo trinet, e del found del courtiéu
Quaucun venguet durbi : «  Boujour, acò sou iéu,
Ço-faguet dóuçomen lou fraire : ai perdut l’ase :
M’ère ajassat al pè d’un aure e quand me jase
M’atunisse cosset ; creze qu’ai bicoucat ;
        E de fais, n’en porte pas cap.
Acò’s un aucelou di boscs que n’es la causo,
Un aucelou coumo uno alauzo,
Mès que canto tô plô coumo un angèl del cèu.
E vous, fraire, digat, sèt lou fraire Matièu 
Noste pourtier ? Sèt pas ; l’aun cambiat ? Cò m’estouno,
Mas lou counvent n’es pas lou mèmo, per ma bouno !
I vous coumprende pas pu res.
E iéu que sou partit arser rasat de fresc,
Aro vous ai dous pès de barbo e belèu tres
        De qu’es aquelo couiounado ?
E tenet, se voulet, couparen al pus court,
Digat-me quont tenen, lou mes, l’ouro, lou jour
        Amai tabé la quito annado.
        Uèi, se moun comte n’es pas faus,
        Deven èsse lou dezanau
Del mes d’Abriéu de l’an milo dous cent sieissanto ;
E din tres jours dintran din la senmono santo.
Iéu me soune Jousep, e noste paire abat
Se souno fraire Pèire ; aro noum d’un sabat !
Degu me prendrò pas per cap de repapiaire ! »
- Milo dous cent sieissanto ! avet dich, paure fraire,
So-faguet l’aute mounge, oi ! còssi retardat !
Sèt vièlh e gause pas dire que repapiat,
        Mès plô segur que vous troumpat,
Som l’an milo tres cent setanto dous, pecaire !
Pel libre del counvent, iéu sabe e cadu sap
Que lou brave abat Pèire auèi canounisat
Es mort n’o cent sèt ons, ajassat su la cendre ;
E pel fraire Jousep – z’ai pougut plô aprendre 
Gràcios à-n-aquel libre escrich su de pargoms,
Partiguet del counvent, n’o juste cent doutge ons
Per ana querre un fais al bosc d’en Costo Rousso ;
E lou loup dicistont, l’assoutet per la brousso,
Car li loups mancou pas pel païs – d’acò rai !
E l’ase qu’avio pres per li pourta lou fais,
        Un ome qu’anabo à la casso
Quatre ou cinq jour après n’en troubet la carcasso.
Lou fraire Jousep, guel, tournet pas pus en çai ;
        Acò, iéu zo vous assegure :
Degu l’o pas pu vist, per ma fe ! cò lou jure ! »

- Oi ! ço-faguet lou boun fraire Jousep,
Aro li veze clar ; la gràcio me persec.
L’eternitat endusco eici m’espaurugabo :
        Auriat dich qu’un gal me trucabo*
Quand i pensabe e Diéu me douno una leiçou.
Iéu qu’ai pougut augi l’inoucento cansou
        D’un paure diable d’aucelou
Cent doutge ons lou pus min, - acò n’es pas un conte –
        Sèns quitomen m’en rendre comte,
Còssi voulet qu’amount, al ras del Diéu d’amour
        Ound les angèls cantou toujour
        Pouguèsse pas trouba lou temp court ?

Eici, fraire Jousep aguet una flaquièiro ;
S’aquioulet sus una cadièro,
Se senhet, lou cap se boutet à li rouda,
E dounet lou darrier bada.

Noto : un jal me truco = sèi tout devariat.

 


LA CADENO

T'èi cantat, èi cantat tous ivèrs abourieus,
Moun païs, e tous prats acatats de vassivos,
E tei coumbos e tei mountonhos agradivos,
E tes termes foulhats, atintat sus dels rieus,

- De rieus candes e clars, e frescots, e tant vieus !
Ei cantat tes drulhiers nalts e prims, ound lei grivos
vaun pica jous lo nèu, los adrelles tardivos;
Ei cantat lou cièu blu de tes jontes estieus.

Acò fat, me sou dit: "De que vau canta 'garo ?"
Mès vols autres païs quand èi virat lo caro,
Mes pès aviòu pres rèis dins lou sòu auvernhat.

Ei sentit que sus ièu pesabo uno cadeno,
O moun païs, e que dins ta rudo coudeno
Demourarèi toutjour plantat coumo un vernhat.

En français : Je t'ai chanté, j'ai chanté tes hivers précoces, Mon pays, et tes prés pleins de génisses, et tes combes et tes montagnes plaisantes, et tes haies feuillues penchées sur des ruisseaux, - des ruisseaux purs et clairs, et tout frais e si vifs ! J'ai chanté tes aliziers hauts et sveltes, où les grives vont picorer sous al neige les myrtilles tardives. J'ai chanté le ciel bleu de tes beaux étés. Cela fait, je me suis dit: "Qué vais je chanter maintenant ?" Mais vers les autres pays quand j'ai tourné la tête, mes pieds avaient pris racine dans le sol auvergnat. J'ai senti que sur moi pesait une chaîne, O mon pays, et que dans ta rude épaisseur d'herbe je resterai toujour planté comme un saule.

                    LOU ROC DEL LAC 



Una lègo al delai del bourg de Marmanhac 
Dinc lou valou qu’arroso una fresco ribèiro 
E qu’oumbrajou lou fau, lou piboul, lou vernhat, 
        Se trobo un vilatge : Vercuèiro, 
E countro aquel vilatge à la pouncho d’un puèch 
Se té toujour quilhat, lou jour coumo la nuèch 
        Un troç d'animalas sóuvatge, 
Que, çopendent n’o pas jamai fat grand ravatge, 
Car aquelo bestiasso, acò’s lou Roc del Lac, 
Que semblo un grand lïoun dinc la pèiro escultat. 


Per un mati frescot del mes de mai mountère 
A la cimo del puèch que sèrv de pedestau 
        A-n-aquel drole d'animau, 
E quand seguère aqui, sus l’èrbo m'assetère. 
-       Au, lïoun, ço li faguère, 
Tu qu’ès vièlh e sabent, parla-me del passat. » 
Lou lïoun, sus soun liet de granit ajassat, 
        Se sout-levet alèro 
        E me semblo l’augi enquèro : 
        - A-be, l'efont, ço-dis, cò’s vertat que sèi vièlh. 
        L’èrbo sus l’esquino me pousso, 
        E sèi tout acatat de mousso. 
Arruque les aucèls dinc les traucs de ma pèl, 
Mès tout acò d’aqui me fai pas mena rauno : 
La mousso, verdo ou jauno, 
Me fo touto l’annado, un supèrbe mantèl 
E me carre plô de retira dinc ma dauno 
De gusards, de cavans, de grapals, de luzèrts, 
        Emai quauques cops de las sèrps, 
        Sèns coumta lei rato-penados 
        Que dempuèi de loungos annados 
        Venou chas ieu faire lour nieu. 


Jouine ome, sèi tô vièlh coumo la creacieu ; 
Mès de tout temp n’èi pas coumo uèi vist l’esclaire. 
Tout parier qu’un efont al ventre de sa maire 
Ere al coumençoment dinc la terro escoundut, 
E m’enaujave aqui, moun vièlh, coumo un perdut. 
Per bounur, un voulcan jous moun cos trabalhabo. 
Sentiguère un mati que lou fioc me butabo. 
La terro se fendet e ieu, tarrible e fièr, 
Ieu qu’ère çopendent tô bèl coumo una glèiso, 
Coumo lou croc s’en vo quand cachat la cirèiso, 
Regisclère de mai de vint mètres dinc l’èr, 
E dempuèi aquel jour, libre, en pleno lumièiro, 
Als quatre vent del cèu espousque ma crinièiro. 


Èi counegut lou temp d'Azam e d’Evo; èi vist 
Noué, que lou primier, se pintet am’ de vi. 
Mai tard dels omes blounds, de lei loungos moustachos, 
Vestits de pèls de loups, armats de grondos apchos 
Que traziòu d’un pounhet adrech e pouderous, 
Sou passats davant ieu tarribles e noumbrous. 
D’autres, dels omes bruns, diferents de lengatge, 
Mièl vestits, mièl armats, mès am’ mens de couratge 
S’èrou poustats aval : e cò’s aval, l'efont, 
Que de tes fièrs belets o regisclat lou song ! 
Mès tu que defendiòu, vièlho terro auvernhato, 
Tu lour maire saries enjusto e trop engrato 
Se prouclamabes pas per ma voutz e tout nalt 
Que se sou plô batuts tes efonts, maire rudo, 
E qu’aquéchi souldats, vestits de pèl bourrudo, 
Meritabou lou noum de l'aucèl  matinal 
Que dinc toun fièr patai se souno inquèro un gal !
 

Belcop pus tard èi vist tourna de lei crouzados 
Les debris glourious de noumbrousos armados, 
Dels omes qu’èrou pas toujour touches entiers, 
Ammé de nafros per davant, nou per darrier. 
Magres, espelhansats e claufits de vermino, 
Aviòu maugrat acò la grondo e noblo mino 
Del souldat qu’o toujour pourtat nalt soun drapèu, 
E lou lour, qu’èro aquel de la Franço e de Dièu, 
Car lou doun qu’en naissent te faguèt una fèio, 
Franço acò’s d'eima mièl luta per uno idèio 
Que per un interés. Se toun sang lou pus vieu 
Pertout e de tout caire o rajat coumo un rieu, 
Cò n’es pas per l'argent : toun ambiciou glouriouso 
Vòu ticom de pus nalt, vòu ticom de pus grond 
E del sang de tes filhs, semenço generouso, 
Fas broulha les lauriers que courounou toun front. 


Pus tard enquèro èi vist – qu’èro en quatre vint doutge - 
De mourvous de vint ons, couifats d’un bounet routge, 
Parti per la frountièiro ammé d’esclops als pès. 
Les Prussièns s’en riziòu, mai d’autres -mès après 
S’en èsse plô trufats, n’aveire plô fat fèsto, 
Quand l'Alemand vóuguèt lour tusta sus la vèsto, 
Lou reire se cambièt en grimaço de pòu : 
E les Prussièns davant de cacho-nieus fugiòu. 


Mès les Prussièns qu’aviat tô loungtemp sagut batre 
Sou tournats : vautres siat à peno un countro quatre !... 
T’en deves souveni, jouine ome, qu’èro arsé, 
E ieu que sèi qu’un roc, mès un vièlh roc francés, 
N’en ploure quand i pense, e sente ma crinièiro 
S’estremezi lou loung de ma tèsto de pèiro. 


De voste bèl païs tout entier jusco eici, 
Vous sèt leissat pana lou pus jinte bouci. 
La Prùssio vous o pres la Loureno e l’Alsaço : 
Vous o pres les milhours efonts de vosto raço. 
Sabe be que sèt pas, Dieu mercé, escanats 
Al pounch d’abandouna ço que vous aun panat.
 

Mès quand uno naciou porto lou noum de Franço 
Se pot pas countenta soulomen d'esperanço. 
Vous cau ticom de mièl, e lou jour n’es pas lonh 
Que tout Francés de cor - que siago routge ou blonc - 
Lou fusilh sus l’espallo e lou sabre à la cencho 
Se deurò trouba prèste à prendre la revencho, 
À la prendre coumplèto, à la prendre de biais 
Qu’aguessiat pas besou de l'i tourna jamai. 


La prendrés ! Zo deuguet à vostro vièlho glòrio, 
Zo deuguet al passat, zo deuguet à l’Istòrio. 
La fourtuno pot pas èsse pels Alemonds, 
E se l’èro, malur ! l'Auvernho o de voulcons ! 
Les diriat escantits, mès zo sou pas inquèro, 
E davant l’invaziou tout bulint de coulèro 
Lou vièlh Ploum del Cantau espouscario sa nèu, 
E soun gisclat de fioc mountario fin lou cèu. 


A-be ! mai ses efonts la pogou pas defendre, 
La terro di voulcons se deissarò pas prendre, 
La Franço peirirò, mès joul mèmo lençòu 
Les Prussièns à coustat di Francés dourmiròu ! 


E les roc lutaren din’ aquelo batalho. 
Ieu, fièr de moun grond pes e de ma grondo talho, 
Quand lou fioc souterren m’arrancarò d’eici, 
Malur is Alemonds car les sabrèi cauzi ! 
Dabans de voula’n l’èr en poussièiro empalpablo 
Ma masso broungirò sus guéchi fourmidablo, 
E din’ aquel terrible e supreme moument, 
Me cau, per ieu tout soul, la mort d’un regiment. 



Lou Roc diguèt pus res, e ieu que l’escoutabe, 
        Creguère un moument que soumiabe. 
        L’agachère amm’ estounoment. 
        N’avio pas boulegat de plaço : 
Mès sa grifo, quilhado en sinhe de menaço, 
S’estendio del coustat ound se trobo l’Alsaço. 


Demourère un boun brieu sul puèch, tout pensadou, 
E lou cap me bruzio qu’auriat dich un bournhou. 
Al found de l’ourizount, à travers de vièlhs pìbouls, 
Un grond souguelh d’estieu, engarlandat de nìvouls, 
Mountabo dinc lou cèu, routge coumo de fioc, 
E ses rebats sannous escleirabou lou Roc. 


                        Arsèni Vermenouzo 

                    VIVO LA LIBERTAT


Vous porte lou salut, fraires, e l'abrassado,
                    Larjo, des omes del Cantau,
Car la flour felibrenco auèi s'es enraiçado
                   E flouris dinc lou païs naut.


I flouris e li grono, e se prestàs l'augido
                  Quond lou vent buffo de bol Ploumb
L'entendrés retuni, la cabreto poulido
                 Que canto e broungis en amount.


L'amo auvernhato es pas inquèro al cementèri  
             Entre las posses del tagun,
Sa flourisou n'es pas un darrier revertèri
             E soun parla n'es pas defunt.


(Dien la traducciou trahisou ouccitano, abiòu mes "taüc" en lioc de "tagun" per 
destrure la rimo e per nourmalisa, catalanisa)


Les nèicis e les coard òu be dich qu'èro muorto,
            Mès n'òu pas dicho la vertat:
L'amo auvernhato viu, e, pouderouso e fuorto,
           Vòu counquista sa libertat.

E del Mièch-jour e de la raço miejournalo
          S'augirò pas souna lou clar
Tant que se quilharò nosto Auvernho inmourtalo
         Coumo un bàrri dinc lou cièu clar.

Bàrri de rocs-ferraus e de mountonhos nautos,
           Gardat per de mascles de cur
Qu'òu de la bourro espesso e rufo sus les gautos
           La cresto roùjio e lou cap dur.

Voulen del fièr Cantau dusco la mar latino
         E de la Lèiro al flot tremòu
Endusqu' as Pirenèus qu'alongou lour esquino
          Jous l'ardent souguelh espanhòu;

E de las Alpos dusquo l'oucean bramaire
            Que brumejo delai Bourdèu,
Voulen touches parla la vièlho lengo-maire,
           Amai la parlaren, per Dièu !


Acò d'ati, Mistral noste rèi de Prouvenço
          Zo vòu, zo crido, z'afourtis,
E tout boun Miejournau que zo dis pas, zo penso:
         L'Auvernho zo penso e zo dis.


Per sa lengo e per sas coustumos, cado poble
          O lou deber de se quilha,
E n'es qu'un bastard sons estelo de sang noble
         Lou que s'en laisso despoulha.


La libertat d'escrieure e de parla sa lengo
         Se dèu pas damanda jiamai :
Se dèu pas damanda, efonts, cau que se prengo,
        Sons dire à degu: se vous plai.


Lou Mièch-jour ! agachàs, fraires aquessos plonos;
          Cò's pas soulomen lou Carci:
Les nostres puèts amount quilhou lours fièros bonos;
         En aval cò's lou Lemouzi,


Pus bas, pus lonh, belcop pus lonh, cò's la Gascounho,
        Que la grondo vinho espelis,
E coumo omb un riban d'argent, nuostro Dourdounho
       Nous estaco à-n-aquel païs.

Som en Lengadoc e de la nauto terrasso
         D'aqueste antique Castelnau,
Iéu brinde de tout cor as omes de ma raço,
        A tout lou païs miejournau !


            Arsèni Vermenouzo (Jous la cluchado) 
                ALS ESCOULANS D'Ò MAU
Sou cristiô - pecadour mès cristiô - tout lou mounde
Sap que davant les japarèls qu'aven auèi,
Quand s'agis d'apara l'Evangile e sa lèi,
                  Cò'i pas ieu que cale ou m'escounde.
Acò'i quand sus la croutz la canalho escupis 
Que deven, les efonts, quilha nalt la tèsto
E fa mounta vol cièu nuostro justo proutèsto
               Countro lou pè que nous trupis.

E cò'i pas lou cristiô soulet que, cò'i l'ome libre
Cò'i l'Auvernhat, cò'i lou Francés que parlo eici...
Aro me permetrés de vous parla 'n bouci
Coumo majourau e felibre.
                   (Jous la cluchado)

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Uno citaciou d'un arabe cristiô

« So que retrazi d’uèi al mounde arabe, acò’i l’indigenço de sa counsciéncio mouralo, ço que retrazi à l’Oucident, acò’i sa proupensiou à muda sa counsciéncio mouralo en esplecho de douminaciou. »

 

                                                                                     Amin Ma'alouf

Uno citaciou inteligento

La monarchie, dans notre pays, est franque, elle n'est pas gauloise.

 

                  (Proudhon)

Henri Doniol

Les patois de la Basse-Auvergne, 1878

 

Pagino 20

 

« Si l’accentuation, qui est la prosodie de chaque langue, constitue un signe de race,  la race appartient au patois de la haute Auvergne ; dans ce cas le brivadois est en basse Auvergne le moins éloigné du parler d’autrefois, car il suffit d’ajouter peu de chose à sa prononciation pour le rendre identique au patois cantalien. »